A-t-on besoin aujourd’hui de lire un thriller ou regarder un film gore pour avoir de quoi parler au travail ? Certainement pas. Il suffit d’allumer votre radio dans la voiture pour entendre une partie des nouvelles.
Prenez comme exemple cet hélicoptère qui se pose à Opéra pour récupérer une personne qui s’est faite égorger sans aucune raison évidente. Ou bien cette mère de famille qui a enterré 8 de ses nouveaux nés. Ou bien cette personne battue à mort devant sa famille pour un simple accrochage. Le monde devient fou. Et nous avec.
L’autre jour, une collègue de travail avait pris le RER A comme tous les matins. Elle s’est faite agresser. Un inconnu est venu la frapper d’un coup, sans aucune raison. Dans quel monde vit-on…
J’ai mis du temps à trouver un film à voir au ciné cette semaine. C’était assez dur car il n’y avait pas grand-chose de bien en sortie. Plus pour me faire plaisir que pour autre chose, mon copain m’a suivi pour voir « Droit de Passage » de Wayne Kramer qui met en scène l’infatigable Harrison Ford.
« Les États-Unis sont une terre d'espoir pour des milliers d'émigrés de toutes origines. Mais l'espoir a un prix. Certains obtiendront un droit de séjour et se feront naturaliser au terme d'un long processus bureaucratique ; d'autres attendront vainement d'être régularisés dans ce pays où tout est à vendre. La prostitution, la violence et la trahison deviendront leur monnaie d'échange, leur ultime recours. Max Brogan est un agent des Services d'Immigration de Los Angeles. Sa mission : appliquer les lois américaines. Brogan a entre ses mains le sort de milliers d'hommes et de femmes en quête d'une vie meilleure. Lui et son collègue Hamid, comme l'avocate Denise Frankel et son mari Cole sont quotidiennement exposés aux problèmes de l'immigration, et s'en ressentent jusque dans leur vie privée. C'est ainsi qu'ils croiseront les destins de l'ouvrière mexicaine Mireya Sanchez, menacée d'expulsion ; de la soeur d'Hamid, Zahra, en conflit avec une famille traditionaliste ; de la jeune Bangladeshi Taslima Jahangir, soupçonnée de sympathies terroristes pour s'être référée au Coran ; du musicien anglais Gavin Kossef ; de l'actrice australienne Claire Shepard, prête à tous les compromis pour obtenir la précieuse "carte verte" ; de l'adolescent coréen Yong Kim, écartelé entre deux mondes et deux cultures. »
Il s’agit d’un film très nationaliste qui se veut une critique du système administratif actuel des Etats-Unis. Le réalisateur part d’une histoire simple dont l’origine est le statut des immigrants, et met en image des destins croisés. Des situations différentes, des issues différentes, parfois pas des plus heureuses, et pourtant le but et leur quête reste la même : la green card (le certificat de travail aux USA) La question de fond est assez basique mais d’actualité : jusqu’où peut-on aller pour réaliser nos rêves. Une question simple, une réponse assez compliquée.
Si le scénario est très bien ficelé, la réalisation reste très classique et même chiante. La mise en scène est trop explicative et répétitive. Prenez comme exemple le collier de l’avocate. Vous vous doutez de ce que cette femme va faire à la fin. Dommage car l’idée de fond est très belle mais mal exploitée parfois.
Si la mise en scène reste médiocre, les acteurs sont très bons. Harrison Ford, prend au sérieux son rôle de cet agent des services d’immigration en fin de carrière. Et il est très crédible. Ray Liotta est époustouflant. Il suffit d’un seul regard pour donner une nouvelle dimension à son personnage. Regardez bien la scène de la chambre d’hôtel, il est très juste dans sa prestation. Et pourtant il aurait pu tomber dans la caricature d’un méchant qui se veut gentil. Ashley Judd, malgré un rôle d’avocate très dévouée à son métier, arrive à nous toucher par sa compréhension du monde cruel de l’immigration.
J’aimerais saluer la nouvelle génération des acteurs talentueux qui ont été mis en premier plan dans ce film :
Summer Bishil : dans sa scène poignante de dissertation sur le thème de l’expression. Justin Chon : dans la scène du hold up. Pour une fois on lui fait confiance et on lui donne un rôle plus profond que celui du seul ami humain de Bella dans Twilight.
Alice Eve : dans la scène de la chambre face à Ray Liotta. Pourtant avec ce rôle elle aurait très vite pu tomber dans le cliché de la blonde.
Je finis ma citation avec Jim Sturgess qui nous fait tellement rire dans la scène du rabbin qu’on a envie de le revoir à l’écran plus souvent.
Parmi ce casting multiple vous pouvez retrouver aussi Lizzy Caplan dans un petit rôle mais qui lui va bien. Je vous rappelle que Lizzy joue un de personnages qui ouvre la Saison 2 de True Blood.
En quoi ce film m’a touché ? J’ai envie de dire qu’il m’a rappelé le jour où je suis allée à la préfecture du 93 déposer mon dossier pour la carte de séjour de 10 ans. J’avais demandé le formulaire pour la demande, je remplissais toutes les conditions requises pour l’obtenir. Et pourtant, la personne qui m’avait donné le rendez-vous m’avait fait rempli le formulaire pour la carte de séjour d’un an au lieu de celle de 10ans. Je me rappelle encore la dame au guichet qui m’annonce que je ne pourrais pas déposer mes papiers car je n’avais pas rempli le bon formulaire. « Revenez l’année prochaine, Mademoiselle » m’avait-elle dit à travers la vitre sécurisée. Comme si elle ne savait pas que pour obtenir un rendez-vous à la Préfecture de Bobigny, vous devez faire la queue depuis 5 heures du matin, qu’il y a un nombre de dossiers limités à traiter par jour. Que les gens se marchent dessus pour avoir un ticket. Et tout simplement vous avez fait tout ce qu’il fallait pour avoir les bons documents. Il suffisait de vous donner le bon formulaire quand vous le demandiez. Depuis les choses ont peut être changé…
Mon conseil : allez voir ce film, ça pourrait vous remettre les idées en place si jamais vous avez l’impression que vos conditions de vie ne sont pas assez bonnes. Vous allez vite comprendre que votre quotidien est peut être plus rose que vous le croyez.
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