D’amour et d’eau fraîche, deuxième film de Isabelle Czajka, présente les pérégrinations d’une jeune femme (Julie) dans le monde âpre de l’entreprise, jusqu'au jour où elle rencontre lors d’un entretien d’embauche un jeune homme, faux comédien, (Ben) qui va l’entraîner dans une toute autre aventure. Entre amour simple, vie de bohème et petites combines, Julie va alors vivre une parenthèse (dés)enchantée.
De ce film, j’en avais entendu beaucoup de bien, que ce soit dans la presse ou par des amis, et bien que l’on puisse y mettre quelques réserves, la qualité reste indéniable.
Ancré dans la réalité sociale-économique du monde du travail vu par le prisme d’une jeune diplômée ballotée entre stages humiliants et petits boulots minables, ce film est véritablement pourvu d’une fraîcheur et d’un naturel de ton agréable. La première partie du film, portée sur la difficile intégration de Julie au monde du travail, se clôt sur la scène du repas de famille, premier climax du film où Julie refuse une « vie de chien » (selon elle) où le seul but est de travailler 50 heures par jour pour payer son loyer et faire vivre sa famille.
Tout le parcours des premières scènes jusqu’à ce basculement est véritablement maîtrisé par la réalisatrice. Aucune scène n’apparaît fausse. Le personnage de Julie est très bien dépeint, sans réelles valeurs (elle couche avec un peu n’importe qui, sans états d’âmes), sans but, sans plan de carrière autre que celui de ne pas finir comme tout un chacun, forcé d’aller au boulot tous les matins pour alimenter le compte en banque. D’une manière simple et sans discours passionné, le film parle ainsi d’une problématique délicate : la liberté de l’homme dans la société actuelle au regard de l’aliénation au monde du travail.
Dans la seconde partie, Julie fait le choix de ce qu’elle croit être alors la vraie liberté en suivant Ben dans le sud de la France. Dans la veine du road-movie, le film change de ton et perd un peu en force. Jouant trop sur les clichés de la vie idyllique, dont on sait par avance que ça ne pourra pas fonctionner bien longtemps, la réalisatrice ne nous dit plus grand-chose. La mise en scène et le propos s’aplatisse, jusqu’à la rupture finale qui en aura déstabilisé plus d’un (la fin est souvent taxée d’artificielle, notamment le geste de Julie). Pour ma part, je la trouve plutôt prévisible. La seule qualité de la fin du film est la toute dernière séquence, retour en arrière étonnant, qui donne une nouvelle relecture.
Pour conclure, je ne peux qu’acquiescer avec les admirateurs d’Anaïs Demoustier, qui incarne Julie avec un naturel et une fraîcheur innée.
mercredi 25 août 2010
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