dimanche 6 décembre 2009

VINCERE ou quelle vie pour une femme



Encore une fois au Balzac, l’accueil fut formidable. Même si la moyenne d’age des personnes présentes dans la salle était de 60 ans, 60% de la salle était un public fidèle et connaisseur des activités que ce cinéma propose. Et on n’as pas été déçus par la programmation de Vincere.
Le nouveau film de  Marco Bellocchio raconte l’histoire d’Ida Desler, une des femmes qui ont su résister contre un homme, symbole du fascisme, au prix de sa liberté. Une femme qui n’as pas arrêté de demander justice et être reconnue aux yeux de son amant qui ne fut autre que Mussolini. Mais quand le « Duc », décide de re-écrire sa vie et effacer complètement celle d’Ida et son fils aîné, comment une femme peut elle lutter contre le système ? Que lui reste-t-il d’autre ? Et est-ce que quelqu’un pourrait oser aller contre le Duc ?
Ce qui est le plus intéressant dans le film est sa structure. Le film est bourré des incrustations de vidéos de l’époque ou de références cinématographies (par exemple The Kid de Chaplin). Ce qui est vrai et drôle en même temps, car le réalisateur fait allusion à toutes ces formes de résistance : l’écrit, le cinéma et l’art en général et la religion. Or toutes les formes de totalitarisme (fascisme, communisme) se ressemblent par leur lutte contre la religion, l’art et toute autre forme d’expression qui pourrait aller contre leur idéologie. Je n’ai pas vécu le fascisme mais le communisme donc je parlerai plutôt du 2-ème. La raison pour laquelle en Roumanie on as été privés d’art, nos églises on été détruites ou déplacés et nos écrivains sont partis à l’étranger sans jamais donner leurs nouvelles est bien la dictature.
Dès le début du film, on reconnaît l’atmosphère de ces films italiens qui nous as tant manqué : l’interprétation théâtrale des personnages alors qu’on est au cinéma, les costumes inspirés de l’époque, les décors et les grands espaces. 
La mise en scène et une leçon pour les novices de cinéma. Prenez comme exemple la grande scène d’amour. Aussi mal à l’aise que j’étais devant ces deux acteurs nus,  j’ai été surprise par le pouvoir de la lumière et  du cadre qui racontent tout une autre histoire que deux corps qui vibrent. Cette scène raconte l’histoire d’un animal en train de dévorer sa proie. Et les acteurs sont d’une justesse et beauté rare.
Ce qui m’a marqué le plus ? Ces 2 interprétations magnifiques de Filippo Timi dans le rôle de Mussolini et de son fils et Giovanna Mezzogiorno dans le rôle d’Ida. Une scène qui reste mémorable : l’imitation du vrai Mussolin par  Filippo Timi. Un vrai régal pour tout acteur en herbe qui cherche sa voie. Et puis cette scène dans la chambre d’Ida qui n’a plus assez de papier et qui écrit sur les murs pour pas être oubliée.
En sortant de la salle, j’ai écouté les gens autour de moi disant : quelle horreur, comment est possible ? pourquoi ?
J’avais envie de leur dire : bienvenue dans mon monde. Si l’hiver 89 n’avait jamais existé, quelle vie j’aurais eue ? J’aurais pu écrire ces mots ? Or j’aurais été enfermée dans un asile pour avoir osé d’avoir une autre  vie que celle d’une housewives? Ça fait 20 ans cette hiver qu’on as le droit de choisir qui on est et ce qu’on veut.
Et si on faisait un bilan sur l’évolution de la vision de la femme au sein de la société…Quelle vie j’aurais eue si j’étais née il y a 60 ans ? Le droit au vote, le travail pour les femmes, l’égalité la crédibilité de la parole d’une femme ?
Voici que des questions que l‘histoire nous laisse et que cet formidable réalisateur est fier de nous les mettre en scène.
J’ai mis du temps à sortir de ce film et à boire mon café sur les Champs. J’ai regardé autour de moi tous ces hommes et femmes libres d’avoir une opinion. Est-ce qu’ils savent la chance qu’ils ont ? On est en 2010 bientôt, et la dictature existe encore…

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