dimanche 20 juin 2010

L'illusioniste ou la retention d'eau


Ce fut un de ces jours où au réveil vous vous prenez pour la plus belle femme du monde. Jusqu’au moment où vous allez dans la salle de bain et vous croisez votre regard dans le miroir. Et là, panique générale. Boutons sur tout le visage, comme une adolescente (sauf que vous n’en êtes plus une). Après tartinage de crème en tous genre, vous posez quelques bonnes couches de fond de teint et de correcteur en espérant retrouver une peau lisse. Une fois cette opération réussie vous décidez de mettre votre plus jolie bague…et là encore vous avez les mains tellement gonflées que votre corps refuse tout simplement d’accepter cette contrainte. Et de toute façon, de manière générale, vos mains ressemblent plutôt à des Kcnaki qu’aucune bague au monde ne peut les rendre belles. Vous vous mettez alors sous l’eau froide en espérant de dégonfler un peu. En même temps vous faites chauffer de l’eau pour faire un thé qui vous aidera à drainer tout ça. Et au bout de quelques heures, vous voilà avec 2 centimètres de maquillage sur la figure et une gaine pour pouvoir rentrer dans vos habits habituels. On rajoute pas le mal être en général et la déception de commencer la journée de cette manière. Alors que ce matin on voulait juste être belle. Il y a des jours comme celui-ci. Alors je me dépêche, et je vais au cinéma pour me détendre en espérant qu’au retour, dans quelques heures, j’arriverai à rentrer dans mes pantalons. 

Nous sommes allés voir «  l’Illusionniste », le film qui, depuis 2006 passionne les jours et les nuits de son réalisateur Sylvain Chomet. L’histoire, à la base un scénario inachevé de Jaques Tati, raconte le destin doux amer d’un magicien en fin de carrière. Cet illusionniste devenu un papy has-been décide de traverser la Manche pour pouvoir continuer à émerveiller ses spectateurs. Malheureusement de l’autre coté les affaires ne reprennent pas non plus. Mais il fait la connaissance d’une jeune fille qui croit encore à la magie et qui va chambouler son quotidien.

Après les « Triplettes de Belleville », Sylvain Chomet ose revenir dans l’ère de l’image numérique 3D avec un film en animation traditionnelle poétique et singulier. Avec beaucoup d’humour il nous plonge dans un monde où les métiers du spectacle sont en déclin. Un monde d’artistes qui auraient besoin d’un miracle pour survivre.
 Ce fut la volonté de Chomet de faire ce film en 2D car « La 2D est imparfaite comme la réalité. Les imperfections sont importantes quand vous travaillez sur une histoire dont les personnages sont des êtres humains. Quelque chose d'indéfinissable se perd quand on créé avec un ordinateur. » (citation de la note d’intention du cinéaste)
Le personnage principal ne nous est pas forcément inconnu. Par sa tenue, son physique et sa maladresse, il est un reflet touchant de Jacques Tati. D’ailleurs à la base, ce film aurait dû être un film de et avec Tati. Le nom de code sous lequel le grand cinéaste l’a laissé vieillir était « Film Tati numéro 4 ». Chomet apporta quelques modifications au scénario et rend ainsi un bel hommage à son créateur.
Ce personnage si grand et si maladroit veut encore fait rêver les gens. Pour un moment à ses propres frais il y parvient. Mais à la longue cela est usant et pesant. C’est ce qu’on ressent durant le film. Quelques longueurs sont à noter. Par moment on s’ennuie un peu (certains spectateurs ont même le temps de s’assoupir). Mais le cinéaste arrive toujours à nous surprendre par sa mise en scène. Chaque plan est une photo où le détail est extrêmement travaillé. On ne se lasse pas d’admirer les paysages si bien dessinés de cette Ecosse profonde. Le sens du l’humour est aussi bien présent, notamment quand il met ensemble les deux personnages principaux. Les dialogues sont très rares. L’histoire avance par des situations astucieuses dans lesquelles les personnages sont plongés.
On aime ce film parce qu’il nous touche au plus profond. C’est comme une vieille chanson qu’on se remémore pour se donner du courage. La fin n’est pas celle qu’on espérait mais cela n’enlève rien de la qualité du film.
Pour une journée aussi tordue que la mienne j’aurais appréciée une fin plus optimiste. Mais je m’y suis faite, car, par sa poésie et sa douceur, ce film m’a donné envie de continuer ce que je fais aujourd’hui. Même si être un artiste n’est pas toujours facile dans ce monde.


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