dimanche 30 mai 2010

Copie Conforme ou la paire chaussures dorées


Le temps d’octobre gagne la capitale. Pluie, vent, soleil et retour du manteau. Et par ce temps aussi bizarre, les français se font éliminer un par un à Roland Garros. Pourtant, tout cadre dynamique, en rentrant du travail se met devant sa télé pour soutenir ses joueurs nationaux. Mais ça ne marche pas ! Et de notre côté,  entre deux matchs de tennis nous sommes allés au cinéma.
A la sortie du métro Opéra,  une énorme paire de chaussures dorées nous attendait. Ce n’est pas une blague, pour preuve j’ai pris une photo. Afin de faire la promo de  « Sex & the City 2» cette paire de chaussures a été placée dans un lieu assez touristique pour le bonheur du public féminin. Eh oui messieurs, entre les femmes et les chaussures il y a une longue histoire d’amour qui commence par un dressing trop plein.
Après avoir admiré cette magnifique « œuvre d’art » un petit tour devant Surcouf nous a donné la possibilité de manger un beignet et de déguster un bretzel fait maison. Il s’agit d’un mini marché improvisé pour la « Fête des Mères ». Vous pouvez y trouver des idées culinaires bien épicées.

Mais le point clé de cet après-midi était « Copie Conforme » au Gaumont Opéra, le dernier film du réalisateur iranien Abbas Kiarostami. Il s’agit d’une belle histoire sur le couple, le mariage et l’amour en général. Au cœur de l’histoire James, un écrivain anglais qui donne en Toscane une conférence sur la relation entre la copie et l’original. Une femme française dans l’audience lui propose de s’échapper quelques moments avec elle durant l’après-midi.

Ce film, grâce auquel Juliette Binoche a obtenu le « Prix d’Interprétation Féminine » au dernier Festival de Cannes, est au cœur de la polémique. Ou plutôt dire que la tenue vestimentaire de Juliette Binoche dans ce film pose problème au vice président iranien qui a déclaré que ce film ne sera pas diffusé en Iran. Probablement que la position prise par Juliette lors de la cérémonie de clôture du Festival en faveur du cinéaste Jafar Panahi y est pour quelque chose.
Pour ceux qui ont envie de voir ce beau film d’auteur, Juliette porte une robe sublime signée Lanvin. De plus le soutien gorge qu’on peut voir et revoir tout au long du film n’est retiré qu’à la fin, donc je ne vois vraiment pas pourquoi ce film est interdit pour un decolté. Cette tenue n’a rien de vulgaire ou de mal placé.
Mais la raison pour laquelle je vous recommande ce film n’est pas la tenue du personnage de Juliette, mais une multitude d’autres raisons. D’abord les acteurs. Juliette arrive à nous faire rire, pleurer et à nous toucher en même temps. Il y a une sorte de candeur dans son regard qui nous donne envie de mieux connaître cette femme et ses problèmes de couple. Par contre le prix d’interprétation pour ce rôle en particulier me semble un peu excessif car il est un peu trop simpliste pour une comédienne de ce gabarit. Face à elle William Shimell, qui, pour le coup est moins intéressant comme acteur. De son côté il a une lourde tache à accomplir : jouer un père de famille absent. Malheureusement ce couple Binoche-Shimell ne fonctionne pas. Peut être s’agit-il d’une volonté de mise en scène. Mais pour le spectateur cela est déroutant.  Par moment nous pouvons croire que les acteurs jouent mal. Si vous avez cette impression, surtout laissez l’histoire avancer et vous allez comprendre pourquoi ce faux ton est utilisé.
La tournure de l’histoire est très intéressante mais s’épuise très vite. La mise en scène est très riche voir trop riche par moment. Je comprends l’utilisation multiple de certains symboles comme le mariage et le couple mais quand vous avez tous les deux plans la même mise en scène, même si elle veut dire quelque chose, ça devient vite rébarbatif. Les dialogues sont un peu trop intello mais c’est normal, on est en train de voir un film d’auteur. Même si les scènes sont magnifiques, les gros plans sur le personnage de Binoche sont un peu trop vides. Je pense qu’il s’agit d’une volonté de mise en scène mais c’est ennuyant de voir une sorte de fausse interview face caméra.
Un bémol pour les paysages aussi. La Toscane, tellement riche par sa culture et sa beauté, même si elle est au cœur de l’histoire, est très absente en tant que personnage. Très peu utilisé et par moment délaissée pour un plan d’intérieur, elle nous manque au long du film.
Par contre une grande admiration pour la manière de construire l’histoire. Il fallait beaucoup de maturité artistique et personnelle pour arriver à traiter un tel sujet de cette manière.

Néanmoins, à côté de ça, il y a des scènes qui vous marquent : celle du café, celle de la fontaine et bien sûr, celle du restaurant. Ce cinéaste nous séduit avec des scènes simples et efficaces. Même si j’ai dû m’endormir à quelques moments, je recommande aux amateurs de films d’auteur d’aller voir ce film. Je ne suis pas sûre que les afficionados de films grand public seront en phase avec l’histoire de ce couple

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