samedi 26 mars 2011

Stefan Zweig

Un nouveau épisode d"Une recette à la Lettre " est disponible pour écoute sur le Freezer du Frigo.


Dans la toute petite cuisine de Clémence, Alyane apprend à faire des Cup cakes dans un four dont la porte a lâché. Elle découvre ainsi la technique du glaçage et parle d’une nouvelle inédite de Stefan Zweig parue l’année dernière : « Un soupçon légitime ».

Pour exercer vos talents en cuisine : la recette de l’émission.
Retrouvez toutes les informations sur la page Facebook de l’émission

Prochain rendez-vous culinaire le 9 Avril 2011

mardi 22 mars 2011

Angelica

Cinéaste de 102 ans, Manoel de Oliveira signe avec L’Etrange Affaire Angelica son 32ème long-métrage.
Isaac, un jeune photographe portugais, est appelé un soir au chevet d’une jeune femme décédée afin de la photographier. Mais ce qu’il voit alors dans son viseur va l’ébranler durablement.

Tout d’abord, et pour être tout à fait honnête, je dois confesser que je me suis quand même passablement ennuyé durant le film, et que j’ai même fermé l’œil durant la très longue séquence du dîner à la pension (apparemment celle-ci dure 10 min en plan fixe, je n’ai pas pu résister). Je ne pourrais donc pas vous recommander chaudement d’y aller, mais je ne voudrais pas non plus vous faire passer votre chemin trop rapidement, car il est évident que ce film est à cent milles lieux des productions habituelles, et qu’il porte une vision du monde d’un très grand cinéaste du XXème siècle.
Revenons donc sur le film en lui-même.

A l’encontre des films sur-découpés et/ou des séquences filmées caméra à l’épaule façon reportage mal cadré (voire Paul Greengrass), l’Etrange Affaire Angelica est basé sur une mise en scène extrêmement posée, un rythme lent (envoûtant pour certains, soporifiques pour d’autres) avec une majorité de plans fixes. Mêmes si certaines critiques encensent le cadrage magnifiquement composé, je ne trouve pas que ce soit le point remarquable du film, mais plutôt l’économie du découpage que Manoel de Oliveira maîtrise parfaitement, jusqu’à une simplicité aux allures de sécheresse. Les séquences dans la chambre du photographe sont à ce titre extrêmement dépouillées, les plans choisis (plans larges face au décor) faisant référence aux débuts du cinéma, tel le cinéma de Méliès par exemple. Les trucages visuels des visions de la jeune femme décédée en montre également la nostalgie.
Et c’est d’ailleurs là que se trouve un des nœuds du film qui me dérange, si on le prend comme œuvre sortie dans les années 2000 : sa nostalgie empreinte de passéisme traditionaliste.
Quand je parlais plus haut d’un très grand cinéaste du XXème siècle, la formule était bien sûr consciencieusement choisie, car Oliveira (et c’est bien naturel) est évidemment un cinéaste de l’ancienne génération (sans aucune connotation péjorative), et ayant grandi avec les débuts du cinéma. La nostalgie de ce cinéma est donc bien présente dans cette nouvelle œuvre, et permet de reprendre un peu de souffle face aux cocktails surexcités que l’on nous propose chaque semaine dans les salles obscures.
Par ailleurs, le film baignant dans un indistinct temporel, la prégnance du traditionnel contre le moderne est forte. Ainsi l’empathie pour les paysans qui travaillent la terre à la main contre la vision en gros plan de la charrue du tracteur qui nivelle le sol en aplatissant tout.

Pour tenter de sauver quand même le film, un des moments les plus beaux esthétiquement et réflexivement du film est le plan où Isaac voit dans le viseur de son appareil photo réflex la jeune morte se réveiller et lui sourire. Il y a là une grande idée de mise en scène où ce réveil est vu par le truchement d’un appareil de visée (dont on connaît d’ailleurs le débat sur sa soi-disante objectivité par rapport au monde). Ici il n’est pas réellement question d’objectivité ou de subjectivité mais plutôt de comment regarder les choses et comment voir au-delà, de passer du visible à l’invisible. Et c’est au moment où le cadre est vu comme un cache occultant le reste du monde, que l’invisible peut apparaître à l’œil du regardeur/photographe.

mercredi 16 mars 2011

Fighter

Par ces temps où l’on parle de catastrophes naturelles, d’irradiation, de clandestins, de rébellions et de révolutions, un peu de rêve dans une salle obscure ne fait pas du mal. Alors nous voilà au Max Linder pour une séance presque privée de Fighter.
David O. Russell nous livre l’histoire vraie de Micky Ward,  le champion du monde de boxe BWU connu surtout pour les combats contre Arturo Gatti. Le film se déroule sous la forme d’une chronique familiale, au sein de laquelle deux frères ont fait de la boxe  le but de leur vie.
Si vous pensez aller voir un film sur la boxe, détrompez-vous car ce n’est pas que ça. Il s’agit d’une histoire de famille sur la confiance, le devoir et l’amour. Les scènes de boxe ne sont pas nombreuses mais très bien travaillées. Malgré le fait que le film a un budget assez conséquent, à aucun moment durant le film vous n’avez cette impression d’être devant une grosse production américaine. Les scènes sont filmées très simplement, les décors sont minimes et les costumes aussi. Le travail le plus formidable appartient au réalisateur et il consiste à avoir réussi à tirer le meilleur de ses acteurs. Ce film repose sur son histoire très touchante et surtout sur ses interprètes.
Prenez par exemple Christian Bale. Un acteur moyen, qui joue parfois d’une manière si minimale qu’on peut se demander pourquoi il est acteur. Mais dans ce film il nous fournit une prestation exceptionnelle qui lui vaut d’ailleurs un Oscar. Comme quoi, même un acteur moyen bien dirigé peut devenir éblouissant. Même chose pour cette magnifique actrice, Melissa Leo, qui joue cette mère envahissante de Micky Ward et Dicky Eklund. Elle nous emporte du début à la fin dans sa volonté de maintenir unie la famille. Malgré le fait que Mark Wahlberg n’obtient pas de prix pour son interprétation, il nous touche profondément par ses émotions, sa simplicité et par sa manière de ramener à l’écran l’amour entre deux frères. C’est bien lui qui a tenu absolument à faire ce film. Il n’est d’ailleurs pas seulement acteur mais aussi producteur de ce film. Durant 4 ans il s’est entraîné pour pouvoir jouer le rôle de ce boxeur.

Ce que j’ai apprécié est cette manière de traiter l’histoire. Le réalisateur aurait pu faire un drame et tomber dans le cliché, or en s’inspirant de The Wrestler, il nous fournit un travail sur l’humanité et le désir de réussir. Le film dans le film est ce qui m’a induit en erreur et qui, finalement m’a fait entrer dans l’histoire. Ainsi, le fait de se rendre compte qu’à un moment donné ce que vous voyez n’est pas exactement ce qu’il se passe est un artifice de mise en scène bien trouvé.
De plus cette manière de filmer près du corps de ses acteurs et de parfois utiliser la caméra épaule nous charme dès le début. Les travellings dans cette ville sur une musique qu’on avait presque oubliée, celle des années 90, nous font entrer dans cet univers compliqué. Je ne vous cache pas qu’entendre Whitesnakes avec Here I Go AGAIN a été le meilleur moment du film. Les années 90 riment pour moi avec les années de gloire du rock. Et je trouve que la musique du film traduit l’atmosphère de ces années.

Alors si vous avez un petit moment pour vous échapper, allez voir ce film. Non seulement il vous remontera le moral, mais il vous portera dans ces années de gloire de la musique et de la liberté.

dimanche 13 mars 2011

Le Salon du Livre

Le Salon du Livre 2011 ouvre ses portes! Du 18 au 21 Mars les « Lettres Nordiques » sont à l'honneur. Pour ceux qui n’ont pas le temps, le 18 Mars une nocturne est prévue jusqu’au 23hH00.

"Cette année, le Salon du livre de Paris met à l’honneur non pas un, mais cinq pays !
Cinq pays du Nord dont la littérature est aussi riche que la culture. Roman, polar, essai, jeunesse... Le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Norvège et la Suède, viendront jusqu’à nous, pour nous faire découvrir une littérature foisonnante et pleine de surprises.

Pour la 31eme édition du Salon du Livre de Paris, le Centre national du livre, en collaboration avec l’Institut français, le Syndicat national de l’édition et le réseau des Centres de littérature nordiques, propose d’explorer les littératures du Nord."
D'ailleurs écoutez COSMOPOLITAINE sur France Inter samedi prochain pour découvrir ces femmes écrivains nordiques!

Cette année, le Salon du livre de Paris vous propose de belles expositions dans des univers extrêmement variés :
Agatha Christie, Les 100 ans de Gallimard, Rosinski et Thorgal, Le manga français par Pika Edition. 

Web Tv Culture est en charge de vous faire connaître en images les journées culturelles et littéraires de ce salon.

Pour préparer votre journée n’hésitez pas consulter la page du Salon !

samedi 12 mars 2011

Une recette à la lettre

La deuxième émission que j'ai enregistré pour la web Radio Le FRIGO:

Pas doué en cuisine ? Soif de culture ? Apprenez à faire la cuisine tout en découvrant l’actualité littéraire avec Alyane !

A découvrir dans cette émission :
Au Menu : Blanquette de Veau sauce « Purge » façon Sofi Oksanen
Alyane est à Niort en compagnie de Sylviane pour apprendre à faire un classique de la cuisine française : la Blanquette de Veau.
Une recette simple, facile mais qui prend du temps. Le temps de parler du coup de cœur des libraires, du prix Fnac « Purge » de Sofi Oksanen. (lien vers Fnac )

Pour écouter l'émission



Envie de mieux connaitre Une recette à la lettre ?

Prochain rendez-vous culinaire : le 26 mars

jeudi 10 mars 2011

Festival International de Films de Femmes

Un rendez-vous annuel et qui nous charme à chaque fois: 33ème Festival International de Films de Femmes.

Il accueille du 25 Mars au 3 Avril à Creteil des realisatrices du monde entier avec près de 150 films qui defendent leur regard sur la societé.

"Le Festival International de Films de Femmes organise depuis 32 ans, à la Maison des Arts de Créteil où il réside, un grand festival annuel, unique au monde, pour faire découvrir les réalisatrices de tous les pays.



Lieu privilégié d’exposition du cinéma des réalisatrices du monde entier, il est devenu avec le temps la seule manifestation professionnelle internationale d’envergure sur un cinéma d’auteur longtemps discriminé et encore mal diffusé.
La place du Festival dans le paysage cinématographique local, national, européen et international reste primordiale. Vitrine unique au monde, le Festival reste attentif à la qualité du regard des femmes sur les sociétés, leur rend hommage, valorise leurs différentes cultures, célèbre les actrices, les scénaristes, les monteuses, les chefs opératrices et toutes les travailleuses du film.
À travers notre manifestation, qui réunit chaque année plus de 130 réalisatrices et 20 000 spectatrices/teurs nous saluons leur contribution à l’évolution des regards et des modes de représentations des femmes du 21è siècle. Les réalisatrices explorent en priorité l’étendue des qualités humaines des personnages féminins et masculins, interrogent le genre en des portraits de femmes complexes, riches, multiples, susceptibles de correspondre à nos besoins d’identification selon un éventail de possibilités libératrices."


Pour plus d'informations rendez-vous sur le site du Festival international de Films de Femmes!

dimanche 6 mars 2011

Jewish Connection

Ce n’était pas forcément le film en lui-même qui m’a fait pousser la porte de la salle, mais plutôt la présence à l’écran du Mark Zukerberg de David Fincher, Jesse Eisenberg. Oublié le petit génie de l’informatique, au manque crucial de sociabilité, voici venu le futur rabbin à l’ambition aussi un peu mal placée.
Réalisé par Kevin Asch, Jewish Connection est inspiré de faits réels, et montre le parcours de ce jeune juif qui va être impliqué dans un trafic d’ecstasy entre Amsterdam et New-York.

La mise en scène est volontairement très proche du personnage joué par Jesse Eisenberg, et développe le sujet de la recherche d’identité du futur rabbin, qui tente pour un temps de s’affranchir de « l’emprise » de la communauté juive. Cependant il n’y a là aucune critique de cette communauté. Seulement, une envie bien compréhensible de pouvoir mener sa vie sans rendre de compte à personne. Le scénario n’est tout de fois pas binaire, car le personnage joué par Jesse Eisenberg n’est pas totalement en porte à faux avec la communauté juive, ni avec son père, très respectueux de la religion. Les deux personnages secondaires sont à ce titre révélateurs des désirs contradictoires du jeune homme. Le premier qui le conduit dans ce trafic illégal montre une révolte assumée contre la communauté, tandis que le second, le frère de ce trafiquant, prend part  activement à cette communauté corps et âme.
Ce cas classique de scénario où la psychologie du personnage principal se trouve dédoublée entre deux autres personnages (bien souvent l’anti-héros et l’acolyte du héros) n’est pas ici aussi simple.
Un des partis pris de mise en scène est « Les rites de la religion juive » sont filmées de manière très proche du corps des acteurs. A prendre ou à laisser…

L’intérêt principal de Jewish Connection résiderait donc dans le développement psychologique du personnage principal, mais malheureusement même la prestation de Jesse Eisenberg ne renforce pas la fadeur de celui-ci. Il faut bien avouer que les remords du personnage et les tiraillements entre argent facile et respect de la religion ne tienne pas vraiment en haleine.

mercredi 2 mars 2011

Never let me go


C’est l’affiche qui m’a interpelée, non pas par les acteurs mis en avant, mais par la structure et la mise en page de ces personnages. Et puis mon œil a été attiré par « d’après le best seller de Kazuo Ishiguro ». Et je m’étais dit… voilà un auteur dont je ne connais rien. Vite, j’ai couru à la Fnac pour acheter le livre. En caisse on m’a dit que les actrices étaient nominées aux Oscars (affirmation fausse, il y a eu probablement confusion entre Michelle Williams et Carey Mulligan).
Intriguée par toutes ces informations j’ai ouvert le bouquin dès que j’ai pu (c’est-à-dire dans le RER) et je me rappelle que ces phrases sur les donneurs et les accompagnants m’ont frappé. Je ne comprenais pas exactement de quoi parlait le livre. Je n’avais que le pitch pour me guider et encore celui-là ne me donnait pas beaucoup d’indices :

« Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années quatre-vingt-dix ; une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l’idée qu’ils étaient des êtres à part, que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais pour la société dans laquelle ils entreraient un jour. Mais pour quelles raisons les avait-on réunis là ? Bien des années plus tard, Kath s’autorise enfin à céder aux appels de la mémoire et tente de trouver un sens à leur passé commun. Avec Ruth et Tommy, elle prend peu à peu conscience que leur enfance apparemment heureuse n’a cessé de les hanter, au point de frelater leurs vies d’adultes. »
 
Encore plus intriguée, je suis rentrée chez moi et j’ai continué à lire.
Cela fait longtemps que je n’ai pas lu un livre en si peu de temps avec autant d’intérêt. En deux jours j’avais fini et j’étais juste impatiente de voir le film.
Pour ceux qui n’ont pas lu le livre, je vous recommande vivement de le faire avant d’aller au cinéma. Malgré la qualité de l’adaptation qui en reprend les grandes lignes, le livre apporte une dimension nouvelle à cet univers. Je veux dire par là que même si les acteurs sont formidables et que le scénariste a travaillé en collaboration avec Kazuo Ishiguro pour rester proche du livre, le film n’arrive pas à traduire complètement l’univers, les interrogations et le vécu de ces personnages. Pourtant nous retrouvons dans le film les 3 parties du livre : l’enfance, l’adolescence et la maturité (si nous pouvons appeler cette dernière partie de cette manière). Mark Romanek ne fait pas de miracles avec sa mise en images, par contre ses actrices et acteurs sont éblouissants, surtout Carey Mulligan. 6 ans après son premier rôle dans Orgueil et Préjugés, elle retrouve comme partenaire Keira Knightley pour une rôle plus conséquent.

Voici quelques clés, sans dévoiler tout l’intérêt du film ou du livre.
Il s’agit d’une œuvre de fiction où l’auteur et le réalisateur traduisent une réalité proche, celle de trouver le moyen de vivre le plus longtemps possible en utilisant la médecine moderne. Aujourd’hui on parle du clonage humain pour les avancés médicales. Le livre (et aussi le film) nous place dans le point de vue de clones pour nous montrer ce que l’humanité peut devenir. Si le film est basé sur le triangle amoureux, l’intérêt d’être un donneur et le peu de liberté qu’on lui accorde, le livre traite plus en profondeur du ressenti, du vécu, de la sexualité et du devoir de ces personnages.
Hailsham nous rappelle un peu les pensionnats tels qu’on a pu les connaître au travers des récits de nos parents. La vie dans ce pensionnat est paisible, mais elle n’a rien de banal : les ventes, les jetons, les objets, les sous-entendus… En apparence normal, ce pensionnat a des habitudes particulières lorsqu’on entre plus dans son intimité.  Il y a également comme un vent de bizarrerie dans la construction des personnages. Plus vous avancez dans la lecture, plus vous allez vous attacher à Kath, Ruth et Tommy. Ce qui m’a le plus marqué est le passage sur la découverte de la sexualité, passage qui est traité dans le film mais pas du tout de la manière drôle et innocente du livre.

En conclusion : lisez le livre avant d’aller au cinéma, vous allez être agréablement surpris de mettre un visage sur un personnage. Admirez les acteurs car ils sont formidables. Et profitez de la musique qui est très belle.