Et quand mon homme se met à écrire mes chroniques ca donne ça :
Après-midi ensoleillé, saveur de printemps dans l’air (ou bien n’est-ce que l’arrière des cuisines du Bistro Romain du Boulevard des Italiens ?), envie de ne rien faire, de profiter de la vie… et pourquoi pas un film ?
J’inspecte la programmation du cinéma d’àcôté, sous l’œil amusé d’un papy qui semble attendre sa dame. Rien ne m’attire particulièrement, et j’ai surtout pas envie de me prendre la tête. Finalement, je me décide pour Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec… la première bande-annonce m’avait étonné, les suivantes m’avaient plutôt déçu, mais bon on verra…
Après un quart d’heure à poireauter dans le hall du cinéma, nous rentrons enfin dans la salle. La plus grande bien sûr ! Premier jour de la sortie du film et estampillage « Monsieur Besson » oblige, il fallait la salle numéro 1 !
Bref, pas de problème pour trouver une place en ce bel après-midi, bien que le public semble déjà au rendez-vous.
Mais voici déjà les bandes-annonces, mix détonnant de scènes d’action des blockbusters de l’été. Et maintenant le film … Générique, premier plan et… coupure de la projection, les lumières se rallument. Que se passe-t-il ? Le film aurait-il cassé ? Pas possible, la projection est apparemment numérique… Y’a-t-il un médecin dans la salle ? Un agent du cinéma vient de s’adresser à l'auditoire. Un homme devant moi se lève, descend quelques rangées plus bas et se baisse entre les sièges. Mince, quelqu’un a fait un malaise. Le film serait-il suivi d’une malédiction ? La gérante de la salle débarque, suivie de son assistante, talkie, queue de cheval, tailleur noir, mine renfrognée. Le médecin commence à s’affairer autour de la personne, apparemment il s’agit d’une jeune fille sujette aux crises d’épilepsie qui n’a pas supporté la soupe visuelle explosive qu’on nous a servi en hors d’œuvre. Cinq minutes après les pompiers arrivent à leur tour. Les pauvres ont à peine le temps de faire les premiers gestes indispensables auprès de la jeune file que déjà la gérante leur demande si ils peuvent transporter la malade en-dehors de la salle. Bien sûr, la priorité pour la directrice de la salle est de redémarrer au plus vite la projection du film, il ne faudrait surtout pas prendre de retard, et bousculer les séances suivantes, voire pire, en annuler ! Quel manque à gagner !
Les pompiers cependant refusent et continuent leur examen. Mais la gérante ne se gêne pas pour redemander à deux reprises si on peut transporter la jeune fille, bien sûr sans insistance et de façon purement informatif… Ah, money, money, money !
Vingt minutes plus tard, la jeune fille quitte la salle dans un silence respectueux, la projection redémarre et m’entraine rapidement dans cet univers fantastico-comico-aventuresque, bref, un Indiana Jones à la française.
Inspiré d’une série de BD imaginé par Tardi, Les aventures extraordinaires D’Adèle Blanc-Sec condensent en un film trois albums : Adèle et la Bête, Le Savant Fou et Momies en Folie.
L’histoire : Pour sauver sa sœur plongé dans le coma suite à un accident de tennis (la mise en scène de cette séquence est d’ailleurs un sommet de mauvais goût), Adèle Blanc-Sec, célèbre aventurière dans le Paris du début du XXème siècle, tente de s’adjoindre les services du médecin personnel de Ramsès II, connu pour ses connaissances sans limites de la médecine. Mais le bonhomme en question étant momifié depuis trois millénaires, Adèle devra être aidé par le professeur Robert Espérandieu, qui a découvert le moyen de communiquer avec les morts et de les ramener à la vie. Malheureusement, ce dernier n’a pas attendu Adèle pour mettre à profit cette découverte en réveillant un ptérodactyle qui sème la terreur dans Paris.
Tout de suite, on sait dans quel genre de film on se trouve : séquences présentant des personnages secondaires apparemment sans liens entre eux, mais voix-off à la Amélie Poulain qui nous expose point par point les différents personnages qui interviendront dans le film, ainsi que la cause des événements extraordinaires présentés au début du film. Le procédé n’est pas bien neuf, mais a le mérite de nous plonger directement au cœur de l’histoire en minimisant les zones d’ombre. Tout le mystère du film étant en partie levé (on doit nous prendre pour des idiots ou bien nous aider à nous concentrer sur notre seau de pop corn plutôt que sur une réflexion face au film), la suite est une débauche de plans visuellement frappants en tous sens (grands angles, plongées, contre-plongées). Et c’est là qu’on se distingue d’Indiana Jones, car Besson préfère accentuer le côté franchouillard et grotesque en usant du style visuel de Jean-Pierre Jeunet. Mais même si l’humour fait parfois mouche, l’atmosphère dans le film n’atteint pas celle d’un film de Jeunet. Bref, Adèle Blanc-Sec n’a pas la classe décalée d’un bon Indiana Jones des premiers volets, ni l’univers bien particulier d’un Terry Gilliam ou d’un Jeunet.
Quant à l’interprétation, rien de bien formidable. Louise Bourgoin, ex-miss météo de Canal +, s’en sort plutôt bien dans son rôle de femme gouailleuse, forte tête (en gros, le personnage qu’elle interprétait à Canal +), mais dès qu’on passe dans des scènes plus dramatiques et larmoyantes, la belle ne tient pas vraiment la route. Certes, ce n’est pas vraiment plus mauvais que certaines actrices françaises normalement plus expérimentées, et qui figurent parfois dans des films hollywoodiens où leur interprétation ne brille pas plus que les étoiles d’Hollywood Boulevard piétinées chaque jour par nombre de touristes.
Mais revenons à cette fameuse scène de la partie de tennis, où l’on est bien loin du style élégant d’un Woody Allen dans Match Point. Je ne sais pas vous mais, moi, je commence à en avoir marre de ces effets visuels à deux francs où l’on suit au ralenti la trajectoire d’un projectile : balle de revolver ou balle de tennis (dans le film on aura droit au deux !). Tout ceci est grossier, c’est dramatisé à outrance, une mise en scène au scalpel où il faut être sûr que tout le monde à bien vu, et donc bien compris (ce serait dommage de laisser quelques zones d’ombre pour lesquels on pourraient se poser des questions...).
En résumé, on passe près de deux heures devant une ribambelle de personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres, sans vraiment s’ennuyer. Mais alors que Besson réveille les momies, il n’arrive pas (ou n’essaye même pas) de réveiller notre curiosité et notre intellect.
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