Temps passé depuis que je n’ai pas dit que j’étais fière d’être roumaine : 2 ans et demie . Lieu : cinéma. Salle : rouge. Durée de ma fierté : 2H. Quantité de larmes versées : quelques litres. Moyenne d’age du public : soixante.
2 Ecoles qui s’opposent pour se réunir à l’écran : une de la parole vibrant encore du vers de Molière, l’autre engagée par le corps et l’émotion, publiée et pratiquée par Stanislavski.
Et si ces deux écoles se réunissent c’est parce qu’un roumain très porche de la culture française y a pensé. L’histoire racontée par ce film est simple :Andrei Filipov, le grand chef d’orchestre du Bolchoï au temps de Brejnev refuse se séparer de ses musiciens juifs et il se fait licencier durant le concert devant tout le monde. Trente ans après, poussé par son rêve de jouer le Concerto de Tchaïkovski pour violon qui lui coûta son déclin, il ressemble l’ancienne équipe de l’orchestre pour aller à Paris en se faisant passer pour la véritable orchestre du Bolchoï. Voir bande d'annonce
Le mérite de ce film n’est pas tellement l’histoire, que la manière dont elle est racontée. Car par le jeu de ses acteurs et les situation qu’il crée il arrive à bien mettre en évidence les différences culturelles entre l’Europe de l’Est et celle de l’Ouest. Le mode de vie de ces deux pays est marqués par leur histoire et reste une réalité. D’un côté, la Russie d’aujourd’hui, pauvre et gouvernée par la mafia et son argent salle. Tout se vend et s’achète, tout le monde peut être corrompu et l’argent est le mot d’ordre. Cette vision de la Russie étant une réalité dans tous les pays de l’ancien bloc communiste. Le magistral Alexei Guskov, incarne ce chef d’orchestre au bord de la folie avec une justesse remarquable. Par son talent, il arrive à investir non seulement la parole mais aussi tout son corps de ce rêve fou qui l’amène à passer la frontière de son pays. Et puis cette orchestre, ou la pauvreté et l’abandon transpirent par tous les pores, qui lutte pour trouver l’argent et l’hombre d’un bonheur.
De l’autre côté, il y a Mélanie Laurent, une école investie par la parole avec un jeu minimaliste mais pas moins juste. J’avais peur de la retrouver à l’écran car la dernière fois que je l’ai vue dans Inglourious Basterds j’étais déçue par sa manière de jouer ou mieux dire de pas jouer. Mais dans ce film, grâce au réalisateur, à sa direction d’acteur et au chef opérateur on retrouve une Mélanie plus épanouie et vraiment belle dans son jeu.
Et pour avoir de son côté tous les atouts, Mihaileanu s’entoure des équipes roumaines, russes et françaises. Si le chef opérateur est français, son directeur artistique est roumain. Ce qui marque le plus, est ce lien que Mihaileanu a avec ses origines : les juifs, le gitans , les communistes et la culture française. Une image qui marque : la marche de l’orchestre au long de l’autoroute. Dans sa vision le réalisateur n’est pas loin de la réalité sociale d’aujourd’hui : la démocratie n’amène pas que le bonheur comme on l’a cru pendant des années et nombreux sont ceux qui rêvent encore des temps communiste. Est c’est un peu cet idéalisme que le réalisateur essaye de montrer. On oublie les blessures et on garde que le meilleur afin de pouvoir avancer dans la vie.
Enfin ce film de fait que renforcer ma fierté et de voir mes compatriotes réaliser de tels exploits.
Dommage que dans la salle il y avait que des gens ayant dépassé la cinquantaine. Car ce film pourrait bien inspirer les génération futures des cinéastes en herbe.
Un grand merci pour ce dimanche de larmes et de bonheur qui ne fait encore une fois me rappeler ma condition actuelle : Je ne suis qu’une gnomette roumaine à Paris.
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