dimanche 27 février 2011

Projet Bleiberg

Vous remarquerez que mes chroniques se font rares ces derniers temps. Non pas parce que je ne fais rien de ma vie mais parce que j’ai deux mariages à organiser : un à Paris et l’autre à Bucarest. Mais malgré tous ces préparatifs joyeux et bouffeurs de temps, je suis allée voir John Irving pour une séance de dédicaces mais aussi de découvrir quelques livres coup de cœur. Et un de ces derniers coup de cœur de libraires fut Le Projet Bleiberg par David S. Khara paru aux éditions Critic. Connu pour son roman Les Vestiges de l’Aube écrit dans la veine des romans vampiriques, l’auteur revient cette fois avec une histoire basée sur une réalité : la folie humaine lors de la Seconde Guerre Mondiale. 




« Jay Novacek, jeune trader new-yorkais, dépressif et alcoolique, reçoit la visite de deux émissaires de l’armée. Son père, haut gradé de l’US Air Force, vient d’être assassiné. Aussitôt, la C.I.A. dépêche une pétillante recrue pour protéger le fils du défunt.
Au même moment, près de la base de Langley en Virginie, un agent du Mossad abat un espion à l’issue d’un interrogatoire musclé. Muni de nouvelles informations, il se rend vers son prochain objectif : un certain Jay Novacek. 
»

Entre réalité historique et fiction cette histoire parfois carambolesque nous emmène dans un univers d’espionnage sur fond de guerre mondiale. Le style est très facile (dommage pour moi de ne l’avoir pas lu en version originale !), et il vous emporte rapidement dans le développement de l’histoire.
 A peine plongé dans l’univers du trader que vous êtes déjà amoureux du style humoristique et des personnages parfois  ridicules,  parfois alcooliques et surtout sportifs. Les faits sont graves mais les personnages apportent cette légèreté qui finalement rend si tendre ce thriller. Plus vous tournez les pages, plus vous vous demandez dans quoi vous êtes plongés, dans quel pétrin il vont encore se fourrer et comment vont-ils faire pour s’en sortir.  Sans vouloir vous dévoiler l’intrigue, je trouve que ce livre, malgré son ingéniosité traite d’un problème de fond : la folie humaine.
Ce que j’ai le plus apprécié sont ces moments où vous avez le rendu d’une même histoire par plusieurs personnages avec plusieurs angles de vue. Ce livre m’a fait penser un peu au Livre sans Nom sauf qu’il pèse moins lourd  et le nombre de pages est diminué par deux.
Au programme vous avez un trader alcoolique mais qui fait tourner mieux que personne la boutique. A part l’alcool, l’argent et les femmes il ne sait rien faire d’autre. A ses côtés pour le surveiller vous avez la jeune Buffy, blonde, sportive et pas du tout capable d’assurer seule sa défense. Et puis ce géant mystérieux, touchant mais équipé pour faire face à toute menace. A trois ils vont devoir découvrir le secret de ce projet qui a coûté la vie au père de Jay.

 Une fois fini le livre, vous espérez que l’histoire va se suivre d’une manière ou d’une autre…eh bien j’espère avoir la bonne nouvelle pour la rentrée littéraire de l’année prochaine et peut être lire la suite des aventures de ces 3 mousquetaires…

* photo John Irving Milles Pages Vincennes

lundi 21 février 2011

Black Swan


Longtemps que je n’ai pas eu un choix aussi intéressant en terme de cinéma. « Le discours d’un roi » (que je vous recommande vivement de voir) et puis « Black Swan » : deux sorties très rapprochées qui nous mettent l’eau à la bouche.
Il faut aussi dire que depuis au moins 4 mois il n’y avait pas grand-chose à voir dans les salles à part des navets ou des remakes un peu ratés ou mal accueillis par le public et la presse. 

Mais Darren Aronofsky a su, encore une fois, nous faire sortir de chez nous, malgré le temps maussade et nous ramener dans les salles obscures. Ce réalisateur qui est devenu en moins de trois films un réalisateur culte (Pi, Requiem for a Dream, The Wrestler) nous propose cette fois une histoire fort intéressante sur la quête de la perfection.

La nouvelle saison s’ouvre avec une grande nouvelle pour la troupe du New York City Ballet : Le Lac des Cygnes sera au programme. Un nouveau visage est recherché pour incarner le rôle principal. Pour toute danseuse ce rôle représente la consécration d’une carrière, la reconnaissance ultime…Nina, est prête a tout pour avoir ce rôle mais elle n’est pas la seule dans la compagnie à le vouloir…

Dès le début du film j’ai été transportée dans cette atmosphère de travail, rigueur et rêve de reconnaissance. Pour avoir déjà discuté avec des personnes qui ont eu une carrière dans le ballet, je trouve que l’histoire et la manière de la mettre en images se rapproche de la réalité. Dès le premier plan vous savez que vous allez en prendre plein les yeux. Cette première séquence qui traduit le rêve de Nina est un très joli travail entre la caméra et le corps humain (que ça soit de l’image ou du son) : claquement des os, respiration, voix. Ce film il faut non seulement le voir mais aussi l’entendre. La caméra probablement à l’épaule, un gros plan sur l’actrice, un mouvement centrifuge qui se met en marche et qui s’accélère petit à petit pour ne laisser que des plumes derrière…ce plan magnifique traduit toute l’histoire du personnage en une seule séquence.
Le scénario en lui-même est très simple. Il s’agit de l’angoisse que tout le monde a pu avoir à un moment ou un autre dans sa vie : celui de réussir le rêve de sa vie. Quand vous êtes face à l’accomplissement du travail de toute une vie et tout prêt d’obtenir la reconnaissance ultime, de quelle manière faites-vous face à cette envie d’être parfait et aux rivalités de toutes sortes ? Jusque là, nous avions déjà vu à l’écran des destins brisés mais peut être pas aussi bien mis en abîme que dans ce film.
C’est la mise en scène qui fait toute la différence. Cette manière de ne jamais lâcher son actrice, de la filmer toujours plus proche du corps, c’est ça qui finalement nous met mal à l’aise. Cette poupée en porcelaine si brillamment interprétée par Nathalie Portman, se brise petit à petit, non seulement psychologiquement mais aussi physiquement (attention ! âmes sensibles s’abstenir !) pour laisser place à une folie qui traduit le rêve de perfection.
Je n’y connais pas grand-chose en ballet ou technique chorégraphique mais Nathalie Portman est juste époustouflante dans sa manière de danser. Je me demandais si c’était vraiment elle qui danse tout au long du film ou bien si elle a été parfois doublée …
Bien évidemment , face à elle n’oublions pas Vincent Cassel, Barbara Hershey et surtout Winona Ryder ,qui est moins citée dans les critiques mais qui nous livre ici une performance aussi inquiétante que mystérieuse.
Une seule chose qui  m’a gênée tout au long du film, ce travail sur la sexualité qui parfois prend trop d’ampleur par rapport aux enjeux du film.

Pour résumer : ce  film est inquiétant, dérangeant et en même temps… vous avez du mal à le lâcher une fois sorti de la salle. Non seulement vous avez en tête la musique de Tchaïkovski mais aussi l’image de Nathalie Portman en train de se briser pour devenir Black Swan.

vendredi 11 février 2011

MAD MAN Masterclass suite et fin

Même si le RER A était en retard, j'ai pu assister à cette délicieuse rencontre entre  Matthew Weiner et son public. A ma grande surprise (et pour le bonheur de ces Monsieurs) il n'était pas seul. Christina Hendricks et John Slattery ont accompagnée cette séance de souvenirs, auto-critiques et questions autour de la naissance de la série.
Autant vous dire que ce fut un réel plaisir...Photo à l'appui

Le lendemain matin, sur le quai du RER A, une jeune maman africaine mettait au monde son enfant...et j'y étais! Drôle de vie!



lundi 7 février 2011

MAD MAN Master Class

Après une session très intéressante avec John Irving lors de sa 3ème venue à la Librairie Milles Pages de Vincennes et la présentation de son dernier roman « Dernière Nuit à Twisted River » je vous propose une autre sorte de rdv . Une master class avec le scénariste de la série MAD MAN, Monsieur Matthew Weiner, invité par Olivier Joyard.
Pour plus d’informations pratiques aller sur le site de Forum Images.


" Né à Baltimore en 1965, Matthew Weiner grandit à Los Angeles où il suit des études en histoire, philosophie et littérature avant d’intégrer l’école de cinéma et télévision de l’USC (University of Southern California). Dès 2000, il écrit un premier jet du scénario du pilote de Mad Men, qui convainc David Chase de l’embaucher comme scénariste et coproducteur sur les 5e et 6e saisons de sa série mythique Les Sopranos. Matthew Weiner présente ensuite le projet de Mad Men aux chaînes câblées HBO et Showtime qui déclinent la proposition. C’est AMC (American Movie Classics) qui décide de produire la série, première de l’histoire de cette chaîne dédiée auparavant au cinéma.
Mad Men reçoit un succès critique considérable et remporte au cours de ses saisons successives quatre Golden Globes et treize Emmy Awards, dont celui de la meilleure série dramatique trois années consécutives de 2008 à 2010. Mad Men raconte la vie privée et le travail d’un groupe de publicitaires new-yorkais dans les années 60, à un tournant économique et social où la communication commence à devenir prédominante tandis que les discriminations contre les femmes, les Noirs et les homosexuels se confrontent à des revendications nouvelles. Épisode après épisode, saison après saison, Matthew Weiner et ses scénaristes déploient un tableau magistral, à la fois intime, historique et politique mais également romanesque. Le personnage central, Don Draper, est l’un des personnages fictionnels les plus fascinants récemment créés et son interprète, Jon Hamm, en passe de devenir une icône de la masculinité occidentale.
Matthew Weiner se caractérise en tant que showrunner par son extrême contrôle de l’écriture mais également de la mise en scène et de l’esthétique de sa série. À tel point que le raffinement des décors et des vêtements portés par les personnages de Mad Men sont en train d’influencer la mode actuelle !
Rencontre animée par Olivier Joyard, journaliste aux Inrockuptibles et auteur de documentaires sur les séries télévisées. "

Un grand merci à Perdrix pour avoir partagée cette information avec nous.

mercredi 2 février 2011

Les Misereuses

Les Miséreuses est résultat d’une collaboration heureuse de 2 compagnies « Les Versatiles » et « Les Caramels Fous » qui donne, pour le plaisir de nos yeux, une heure et demie de fous rires.



Ce nouveau delirium musical met en scène un célèbre roman que tout francophone à du lire au moins une fois dans sa jeunesse pour passer le bac : Les Misérables. Le concentré de 4 tomes se retrouve sur la scène du Théâtre Clavel sous une forme ludique et bien plaisante. Car les Miséreuses est l’histoire de ces personnages aux destins tragiques qui commencent méchamment à les indisposer. On se retrouve face à un Jean Valjean du 19ème (arrondissement ou siècle) fatigué par la monotonie de sa vie hétérosexuelle. Une Cosette bien trop poilue pour son temps qui nous (en) chante par son physique fort désagréable. Pour pas parler de la chère Fantine qui « meure mal » sur scène. Alors que d’autres personnages secondaires réclament un rôle plus primordial, d’autres rêvent de l’an 2000. Et dans cet amalgame, Victor Hugo lui même marqué par un accent de Belgique est complètement perdu.


Imaginez sur scène 4 acteurs qui arrivent à jouer plus de 10 personnages avec une énergie incroyable (dont je suis jalouse). Si sur scène c’est la misère, dans le public c’est la mort subite par le rire. Figurez vous que ce classique est revu en chansons bien connues qui ont été elle mêmes revisités. Ils arrivent même à nous faire un faux Moonwalk de quoi enflammer l’audience. Michael en lui-même aurait été mort de rire de voir son gant si habilement utilisé sur scène.


La mise en scène est très astucieuse malgré l’absence de décors. Mais les costumes jouent ici le rôle primordial. Même la voix off est trouve sa place bien méritée et nous fait patienter si bien entre les nombreuses pages de musique. Si c’était à choisir un personnage que j’ai plus aimé je dirai que celui de Fantine qui deviendra plus tard celui de Cosette. Car sa mort m’a tellement marquée que j’en rigole encore. J’ai adoré l’acteur surtout, Monsieur J-Marc Daniel qui nous enchante ici avec sa prestation fort féminine. Mais Luc Carpentier n’est pas loin de nous rendre jaloux de ses atouts de séduction car il arrive aussi bien à jouer les rôles féminins que masculins. Pour pas vous cacher que tous les acteurs sont formidables et qu'ils arrivent bien nous faire oublier l'acteur derrière le personnage. Une scène qui m'a beaucoup marquée par son humour et son réalisme à la fois: le tableau de la Révolution. Au milieu de ce triangle bien connu, un sein masculin si proche de l'original... Et si vous applaudissez assez longtemps et assez fort la performance de ces 4 fous de scène, vous allez avoir la surprise d’un bonus bien sympathique tout en musique.

Alors, n’hésitez pas d’y aller. Installez vous confortablement dans la chaise et profitez de ce bon moment pour oublier vote quotidien. Et si ce travail vous a pu, parlez en autour pour les aider à continuer.


Peut être en parler aux professeurs de français qui ont du mal à faire lire Hugo à leurs étudiants. Cette manière ludique de voir les choses aidera les jeunes apprentis à retenir quelques moments important de l'œuvre?!


Pour plus de renseignements pratiques