jeudi 26 août 2010

Cleveland contre Wall Street


A la frontière entre le documentaire et la fiction, ce film de Jean-Stéphane Bron (Le Génie helvétique, 2003) « met en scène » le procès voulu par les habitants des quartiers défavorisés de Cleveland expropriés de leur maisons contre les banques de Wall Street qu’ils jugent responsables de leur sort.

Disons le tout de suite, ce film est un film important, un grand film, un film qui fait appel à tout ce qu’il y a de bon dans le cinéma, qui parle du Cinéma en étant fortement ancré dans le réel. Bref, si vous ne courez pas le voir après avoir lu cette chronique, vous aurez manqué selon moi un des films les plus importants de l’année 2010. Je m’en explique.

Rappelons tout d’abord, que ce procès n’a pas été monté de toutes pièces par Jean-Stéphane Bron. L’initiative en revient aux habitants de Cleveland eux-mêmes et à leur porte-parole Barbara Anderson qui confia au cabinet d’avocats de Josh Cohen le dossier à charge. Le 11 janvier 2008 celui-ci assigna en justice les 21 banques que nombre d’habitants de Cleveland jugent responsable des saisies immobilières qui les jetèrent à la rue. Les banques de Wall Street lancèrent alors leurs avocats pour empêcher un tel procès, et ce avec succès. Le procès n’aura pas lieu.
L’idée simple, mais déjà forte, du film est de présenter le déroulement de ce procès fantôme avec les protagonistes bien réels, donnant ainsi aux habitants de Cleveland un formidable moyen de se faire entendre.

C’est donc, d’une part à un procès de cinéma auquel le spectateur est confronté, avec toutes les références hollywoodiennes de ce genre (et je dois dire que pour moi c’est le film de procès le plus fort qui soit), et d’autre part à un documentaire poignant analysant sans parti pris asséné les causes et les conséquences de la crise des subprimes.
Pris entre ces deux pôles apparemment antagonistes, le spectateur oscille entre deux états d’âmes : l’adhésion à la fiction et l’identification au principe du documentaire. Et là où Cleveland contre Wall Street est un grand film, c’est que Jean-Stéphane Bron se sert d’une mise en scène discrète mais efficace, qui rappelle d’ailleurs les meilleurs films de genre, afin de renforcer le caractère documentaire du film. Les deux pôle du film ne s’annulent donc pas, ils s’émulent.
De plus ce film est important, car non seulement, il permet de comprendre clairement les causes et les conséquences de la crise des subprimes en donnant la parole aux gens qui l’ont subi ou qui y ont participé, mais il remet aussi à plat les discours parfois insensés des politiques ou des économistes plus proche des banques que des problèmes des classes populaires, en clair il donne un visage humain à cette crise.

La force du film est ainsi son humanité, ce qui rend le spectateur parti prenante en le mettant à la délicate place d’un juré.
Et si à la fin du film, vous n’en sortez pas avec des convictions quelles qu’elles soient, le cinéma ne pourra plus rien pour vous.

mercredi 25 août 2010

D’amour et d’eau fraîche

D’amour et d’eau fraîche, deuxième film de Isabelle Czajka, présente les pérégrinations d’une jeune femme (Julie) dans le monde âpre de l’entreprise, jusqu'au jour où elle rencontre lors d’un entretien d’embauche un jeune homme, faux comédien, (Ben) qui va l’entraîner dans une toute autre aventure. Entre amour simple, vie de bohème et petites combines, Julie va alors vivre une parenthèse (dés)enchantée.

De ce film, j’en avais entendu beaucoup de bien, que ce soit dans la presse ou par des amis, et bien que l’on puisse y mettre quelques réserves, la qualité reste indéniable.

Ancré dans la réalité sociale-économique du monde du travail vu par le prisme d’une jeune diplômée ballotée entre stages humiliants et petits boulots minables, ce film est véritablement pourvu d’une fraîcheur et d’un naturel de ton agréable. La première partie du film, portée sur la difficile intégration de Julie au monde du travail, se clôt sur la scène du repas de famille, premier climax du film où Julie refuse une « vie de chien » (selon elle) où le seul but est de travailler 50 heures par jour pour payer son loyer et faire vivre sa famille.

Tout le parcours des premières scènes jusqu’à ce basculement est véritablement maîtrisé par la réalisatrice. Aucune scène n’apparaît fausse. Le personnage de Julie est très bien dépeint, sans réelles valeurs (elle couche avec un peu n’importe qui, sans états d’âmes), sans but, sans plan de carrière autre que celui de ne pas finir comme tout un chacun, forcé d’aller au boulot tous les matins pour alimenter le compte en banque. D’une manière simple et sans discours passionné, le film parle ainsi d’une problématique délicate : la liberté de l’homme dans la société actuelle au regard de l’aliénation au monde du travail.

Dans la seconde partie, Julie fait le choix de ce qu’elle croit être alors la vraie liberté en suivant Ben dans le sud de la France. Dans la veine du road-movie, le film change de ton et perd un peu en force. Jouant trop sur les clichés de la vie idyllique, dont on sait par avance que ça ne pourra pas fonctionner bien longtemps, la réalisatrice ne nous dit plus grand-chose. La mise en scène et le propos s’aplatisse, jusqu’à la rupture finale qui en aura déstabilisé plus d’un (la fin est souvent taxée d’artificielle, notamment le geste de Julie). Pour ma part, je la trouve plutôt prévisible. La seule qualité de la fin du film est la toute dernière séquence, retour en arrière étonnant, qui donne une nouvelle relecture.

Pour conclure, je ne peux qu’acquiescer avec les admirateurs d’Anaïs Demoustier, qui incarne Julie avec un naturel et une fraîcheur innée.

samedi 21 août 2010

EXPENDABLES


Saviez-vous qu’une visite théâtralisée de Montmartre vous est proposée par une troupe de comédiens, magiciens, acrobates et chanteurs ? 

Au départ de la place du Calvaire, tous les week-ends jusqu’au 26 Septembre, vous avez la possibilité de partir à la recherche de l’esprit de la belle Gabrielle. Pendant 90 minutes vous êtes au coeur de l’histoire de la Butte en commençant par la rue Poulbot,, suivi du passe muraille et de la place Dalida. Les secrets de la Belle époque vous sont dévoilés par ses artistes tout au long de la promenade.

Pour plus d’informations allez sur le site dédié à cette manifestation. 

Pour des réductions : le site de BilletReduc.

 
Et si vous décidez d’aller ce week-end au cinéma voir « Expendables » le dernier film de Sylvester Stallone, vous pouvez continuer à lire ma critique.

Qu’est ce qu’EXPENDABLES ? Un groupe de bad boys qui n’obéissent ni au gouvernement ni à aucune loi. Ils sont là pour les cas désespérés. Et quand la CIA les contacte pour éliminer un général sud-américain impliqué dans des affaires de drogue, ils ne refusent pas le job.
Dans la salle j’étais devant une majorité masculine en train d’applaudir à chaque tête décapitée. A l’écran, Stallone, Statham, Li, Lundgren, Couture, Austin, Crews, Rourke, Willis, Roberts, Zayas, Schwarzenegger…en gros de vieux muscles. Et avec les vieux muscles, il y a aussi la déception de se trouver devant un scénario basé sur la quantité d’explosif et le nombre de gars tués. L’histoire n’est pas terrible, la mise en image est assez pitoyable mais le public s’excite devant l’apparition de certains personnages comme celui de Willis ou Schwarzenegger.
Nous sommes face à un Stallone complètement défraîchi. Mêmes les blagues sont aussi fades que les personnages mis en avant dans le film. La scène de la rencontre dans l’église entre Willis, Stallone et Schwarzenegger est presque ridicule. Mais encore une fois, le public à l’air d’apprécier car ils ont bien rigolé à la réplique de Willis vs Schwarzenegger  « Il cherche à devenir président ».
Il semblerait que le casting n’a pas été très facile car au départ Jean-Claude Van Damme devrait interpréter le rôle de Gunnar Jensen. Mais il a refusé car il trouvait le rôle pas intéressant.
Côté féminin, nous ne sommes pas mieux servi. Même si Giselle Itie se donne à fond au point d’interpréter elle-même la scène de la torture, ce n’est pas son jeu d’acteur qui va nous eblouir.
Un petit clin d’œil pour Mickey Rourke qui, malgré les kilos en plus et les cheveux blonds qui lui vont à merveille, arrive à nous toucher. Ce n’est pas la même chose pour David Zayas. Pendant tout le film j’ai essayé de me convaincre qu’il s’agissait d’un général sud américain, mais rien à faire, malgré tous mes efforts, je voyais en lui le sergent Batista de Dexter.
Parlons un peu de la réalisation. Malgré une mise en scène absente et la quantité de scènes explosives, il y a quelques plans qui m’ont beaucoup plu. Comme celui de Mickey Rourke et Stallone. Pour réaliser les cascades, Stallone fait appel à Chad Stahelski pour coordonner la chorégraphie devant la caméra. Chad n’est autre que le chorégraphe du dernier Rambo.
Si pendant le film vous voulez savoir quel type d’armes est utilisée pour la scène de la bataille finale, il vaut mieux chercher du côté de l’armée. Il s’agit du fusil d'assaut automatique AA-12, une des armes à feu les plus puissantes du monde.

En conclusion, il s’agit bien d’une équipe de vieux muscles recyclés en train de sauver le monde. Le film en lui-même reste très basique : action et humour des années 80. Dommage qu’il s’agit juste d’un divertissement et que Stallone ne vas pas plus loin. Pour les amateurs d’action pure et dure, ce film est un véritable bonheur. Pour les autres, peut être aller voir Inception



Pour rigoler, je vous propose une parodie de la bande d'annonce que nos amis Halluciner ont réalisé.

lundi 16 août 2010

L'Apprenti Sorcier



Soif de culture de proximité ? Voici une offre intéressante que les Cinémas Gaumont nous proposent pour la rentrée 2010 -2011 : des ballets accessibles à tous sur grand écran. Au programme 5 retransmissions prévues : 



16 septembre 2010 - « La Dame aux camélias » de John Neumeier
2 décembre 2010 - « Le Lac des cygnes » de Rudolf Noureev
8 février 2011 - « Caligula » de Nicolas Le Riche
28 mars 2011 - « Coppélia » de Patrice Bart
9 juillet 2011 - « Les Enfants du Paradis » de José Martinez

Après le succès remporté par la première diffusion de ballets, Gaumont s’engage à nous présenter cinq nouveaux spectacles. La Petite Danseuse de Degas diffusé le 8 juillet dernier a déjà remporté un grand succès. Vous trouverez sur Internet les détails de cette soirée. 
Si le Ballet du Bolchoï était à l’origine de ces retransmissions, pour la nouvelle saison, le  partenariat aurait été signé avec le Metropolitan Opera de New York et/ou l’Opéra de Paris. Dans les deux cas, la transmission se fait en direct.
 

Amateur de ballet et/ou d'opéra, vous avez la possibilité de voir un bon spectacle en direct et pour une somme modique. 
A vos marques, réservez!

Quant à ma soirée en compagnie de Disney et « L’apprenti Sorcier », elle s’est bien passée. La signature de Jerry Bruckeimer était en grandes lettres. Il avait fait confiance à John Turteltaub , le réalisateur des Banjamin Gates. Pour ne rien changer, ce dernier à donner le premier rôle à Nicolas Cage. Pour ne rien changer non plus, je suis allée voir le film  au Gaumont Opéra habituel (je ne change pas les bonnes habitudes). Je me suis fait quand même la remarque qu’il n’y avait pas beaucoup de monde dans la salle pour une sortie récente.

Balthazar, Veronica et Maxim étaient les trois apprentis du grand Merlin. Jusqu’au jour où Maxim trahit ses amis pour la maléfique Morgane. Afin de signer la mort de cette dernière, Balthazar traverse les siècles à la recherche de celui qui pourrait avoir les mêmes pouvoirs que Merlin…

Il s’agit d’une comédie fantastique menée avec beaucoup d’humour, d’effets spéciaux et de rythme. Nous savons dès le début comment va se finir l’histoire. Les personnages sont attachants et légers. Parfois nous avons affaire à des personnages types « comme un cheveu sur la soupe » mais ce n’est pas grave. Mention spéciale pour Monica Bellucci qui est complètement inutile dans ce film. Mais elle est belle. Ca peut compter pour certains.

Nicolas Cage change encore une fois de coupe de cheveux pour se remettre dans la peau d’un maître. Cette fois il n’enseigne pas l’art de la lutte (comme dans Kick Ass) mais celui de la sorcellerie.
Cette année la tendance est aux héros loosers qui deviennent beaux gosses. Alors John Turteltaub s’applique et choisit un acteur qui pourrait très bien coller à ce type de personnage : Jay Baruchel. A l’inverse de Aaron Johnson qui nous avait ébloui dans sa prestation, Jay s’arrête juste à une prestation correcte voir insipide.  Probablement que la force de Aaron vient de sa réalisatrice et petite amie  Sam Taylor-Wood, qui as 20 ans de plus que lui !???

En parlant de mise en scène et d’effets spéciaux, il y a de belles références comme celle de la scène de ménage. Avis aux fans du célèbre Marry Poppins ou encore de Fantasia qui peuvent retrouver dans ce film un des rêves le plus convoités de tout ado : faire le ménage en un claquement de doigts.
Sinon, rien de bien spécial qui puisse vous marquer au point d’avoir une discussion animée avec les amis.

 A la sortie de la salle nous avons eu du mal à nous rappeller ce qu’on avait vu exactement. Même si vous appréciez sur le moment, vous allez avoir du mal à vous souvenir de l’histoire ou de l’enjeu.
Pour finir, cette comédie fantastique peut faire partie de votre agenda de sortie familiale. Pour les grands fans d’Harry Potter ce film peut être interprété comme une copie…ce n’est pas loin mais ce n’est pas pareil.

lundi 9 août 2010

Le Chuchoteur


Longtemps que je n’ai pas lu un bon thriller. Même si la « Princesse des glaces » de Läckberg m’avait bien plus, j’avais envie de retrouver la qualité de l’écriture de Millenium.
Et puis un jour, à la Fnac,  j’ai vu le "Chuchoteur", le premier thriller de Donato Carrisi.
Cet italien de formation juriste spécialiste en criminologie a fait sa thèse sur Luigi Chiatti, le « monstre de Foligno », un tueur en série italien. Vendu à plus de  200 000 exemplaires, des traductions disponibles en plus de douze langues, 4 prix littéraires emportés, ce livre avait  une très belle carte de visite.
 Mais ce n’est pas pour ça que je l’ai acheté.  J’avais vu quelque part, sur un bus  je pense, l’accroche  « le thriller le plus attendu de l’année » . Je m’étais dit : encore un. Mais j’ai fait chauffer la carte bleue quand même. Pourquoi ? Car en espace d’une demi-heure, le temps que je suis restée dans la librairie,  il ne restait plus beaucoup d’exemplaires à embarquer. En une semaine j’avais finis de le lire, bien que je fusse pas mal prise au travail. Je n’arrivais pas à arrêter de tourner les pages. Et à la fin, je ne fus pas déçue.


Cinq petites fosses et cinq petites filles disparues. Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Sur les traces de cette énigme l’équipe du criminologue Goran Gavila, secondé par la spécialiste en enlèvements Mila Vasquez.
Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. Et puis la découverte d’un sixième bras, appartenant à une victime inconnue… Et si tous les meurtres étaient liés ? Et si le vrai coupable était ailleurs ? Dans le huis clos d’un appartement spartiate reconverti en QG, Gavila et ses agents vont être confrontés à une terrible vérité. Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure…
Au delà d’une bonne carte de visite, il y a une histoire qui tient la route et qui fait froid dans le dos. A tout moment vous avez l’impression de tenir le coupable, et la page d’après vous découvrez que tout ce que vous savez n’est qu’une illusion. Ce livre se dévore page après page. Les personnages sont extrêmement bien construits et très attachants même attendrissants. A la fin vous avez du mal à les quitter. Vous avez cette espèce de réaction « ah oui, c’est donc pour ça… ».
L’histoire n’est pas des plus faciles car elle est inspirée de faits réels. La force de ce livre réside dans la connaissance profonde de la problématique. On sent que l’auteur a un certain recul par rapport à l’histoire et que les faits et gestes des personnages ne sont pas un hasard. Il maîtrise très bien le sujet. Même s’il s’agit d’une traduction du livre original, le style reste très intéressant. Un grand bravo au traducteur qui a réussi à transcrire l’univers de cet auteur.
Quant aux personnages, ils ont une profondeur inattendue. Au moment où on croit les connaître, tout est remis en question. Comme ces « bons amis » qu’on peut parfois avoir qui montrent leur vrai visage quand vous avez besoin d’eux. Une relation très intime est tissée entre le lecteur et ces personnes au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête. Ce qui est intéressant avec ces personnages est qu’ils sont loin d’être stéréotypés : les enquêteurs, « les bons », et le serial killer, « le malade ». Carrissi arrive à franchir cette barrière et donne une autre dimension à la notion du bien et du mal.
Pour commencer, Goran Gavila, criminologue, suivi aveuglement par son équipe. Ce père de famille abandonné par sa femme, qui s’est volatilisée du jour au lendemain, prend en charge l’éducation de son enfant unique. Le jour, il côtoie la mort pour que le soir il puisse commander une pizza pour son fils. Mais au delà du criminologue il y a un homme et son histoire personnelle…
Puis il y a Mila Vasquez dont le domaine de compétences est les enfants disparus. Incapable de sentir les émotions elle ne vit que par la réussite de ses enquêtes, un moyen de refermer ses blessures. Névrosée, instable, masochiste elle est loin d’une héroïne d’un thriller habituel.
 D’autre part, un tueur en série pas habituel qui possède une maîtrise totale de la situation.  Insaisissable et ingénieux,  il défie ceux qui le traquent par ses mises en scène et les fausses pistes désignant des coupables potentiels.
De plus un certain nombre de personnages secondaires contribuent à faire avancer l’histoire et parfois vous prendre en contre pied.
Et au final l’ambiance générale de ce livre. Vous avez constamment l’impression que quelque chose va arriver et que vous n’avez pas toutes les cartes en main.

Même si parfois l’auteur se lance dans un cours de médecine medico-légale, cela n’enlève rien de la qualité de la narration. Personnellement j’adore ce style de livre où vous avez l’impression d‘avoir appris quelque chose. En tout cas, avec ce livre j’ai appris les différents types de classification d’un tueur. Et maintenant je sais ce qu’est un « Chuchoteur ».  A vous de découvrir cette superbe histoire si bien ficelée.

vendredi 6 août 2010

Droit de passage


A-t-on besoin aujourd’hui de lire un thriller ou regarder un film gore pour avoir de quoi parler au travail ? Certainement pas. Il suffit d’allumer votre radio dans la voiture pour entendre une partie des nouvelles.
Prenez comme exemple cet hélicoptère qui se pose à Opéra pour récupérer une personne qui s’est faite égorger sans aucune raison évidente. Ou bien cette mère de famille qui a enterré 8 de ses nouveaux nés. Ou bien cette personne battue à mort devant sa famille pour un simple accrochage. Le monde devient fou. Et nous avec.
L’autre jour, une collègue de travail avait pris le RER A comme tous les matins. Elle s’est faite agresser. Un inconnu est venu la frapper d’un coup, sans aucune raison. Dans quel monde vit-on…
J’ai mis du temps à trouver un film à voir au ciné cette semaine. C’était assez dur car il n’y avait pas grand-chose de bien en sortie. Plus pour me faire plaisir que pour autre chose, mon copain m’a suivi pour voir « Droit de Passage » de Wayne Kramer qui met en scène l’infatigable Harrison Ford.

« Les États-Unis sont une terre d'espoir pour des milliers d'émigrés de toutes origines. Mais l'espoir a un prix. Certains obtiendront un droit de séjour et se feront naturaliser au terme d'un long processus bureaucratique ; d'autres attendront vainement d'être régularisés dans ce pays où tout est à vendre. La prostitution, la violence et la trahison deviendront leur monnaie d'échange, leur ultime recours. Max Brogan est un agent des Services d'Immigration de Los Angeles. Sa mission : appliquer les lois américaines. Brogan a entre ses mains le sort de milliers d'hommes et de femmes en quête d'une vie meilleure. Lui et son collègue Hamid, comme l'avocate Denise Frankel et son mari Cole sont quotidiennement exposés aux problèmes de l'immigration, et s'en ressentent jusque dans leur vie privée. C'est ainsi qu'ils croiseront les destins de l'ouvrière mexicaine Mireya Sanchez, menacée d'expulsion ; de la soeur d'Hamid, Zahra, en conflit avec une famille traditionaliste ; de la jeune Bangladeshi Taslima Jahangir, soupçonnée de sympathies terroristes pour s'être référée au Coran ; du musicien anglais Gavin Kossef ; de l'actrice australienne Claire Shepard, prête à tous les compromis pour obtenir la précieuse "carte verte" ; de l'adolescent coréen Yong Kim, écartelé entre deux mondes et deux cultures.  »

Il s’agit d’un film très nationaliste qui se veut une critique du système administratif actuel des Etats-Unis. Le réalisateur part d’une histoire simple dont l’origine est le statut des immigrants, et met en image des destins croisés. Des situations différentes, des issues différentes, parfois pas des plus heureuses, et pourtant le but et leur quête reste la même : la green card (le certificat de travail aux USA) La question de fond est assez basique mais d’actualité : jusqu’où peut-on aller pour réaliser nos rêves. Une question simple, une réponse assez compliquée.

Si le scénario est très bien ficelé, la réalisation reste très classique et même chiante. La mise en scène est trop explicative et répétitive. Prenez comme exemple le collier de l’avocate. Vous vous doutez de ce que cette femme va faire à la fin. Dommage car l’idée de fond est très belle mais mal exploitée parfois.
Si la mise en scène reste médiocre, les acteurs sont très bons. Harrison Ford, prend au sérieux son rôle de cet agent des services d’immigration en fin de carrière. Et il est très crédible. Ray Liotta est époustouflant. Il suffit d’un seul regard pour donner une nouvelle dimension à son personnage.  Regardez bien la scène de la chambre d’hôtel, il est très juste dans sa prestation. Et pourtant il aurait pu tomber dans la caricature d’un méchant qui se veut gentil. Ashley Judd, malgré un rôle d’avocate très dévouée à son métier, arrive à nous toucher par sa compréhension du monde cruel de l’immigration.
 J’aimerais saluer la nouvelle génération des acteurs talentueux qui ont été mis en premier plan dans ce film :
Summer Bishil : dans sa scène poignante de dissertation sur le thème de l’expression.   Justin Chon : dans la scène du hold up. Pour une fois on lui fait confiance et on lui donne un rôle plus profond que celui du seul ami humain de Bella dans Twilight.
Alice Eve : dans la scène de la chambre face à Ray Liotta. Pourtant avec ce rôle elle aurait très vite pu tomber dans le cliché de la blonde.
Je finis ma citation avec Jim Sturgess qui nous fait tellement rire dans la scène du rabbin qu’on a envie de le revoir à l’écran plus souvent.
Parmi ce casting multiple vous pouvez retrouver aussi Lizzy Caplan dans un petit rôle mais qui lui va bien. Je vous rappelle que Lizzy joue un de personnages qui ouvre la Saison 2 de True Blood.

En quoi ce film m’a touché ? J’ai envie de dire qu’il m’a rappelé le jour où je suis allée à la préfecture du 93 déposer mon dossier pour la carte de séjour de 10 ans. J’avais demandé le formulaire pour la demande, je remplissais toutes les conditions requises pour l’obtenir. Et pourtant, la personne qui m’avait donné le rendez-vous m’avait fait rempli le formulaire pour la carte de séjour d’un an au lieu de celle de 10ans. Je me rappelle encore la dame au guichet qui m’annonce que je ne pourrais pas déposer mes papiers car je n’avais pas rempli le bon formulaire. « Revenez l’année prochaine, Mademoiselle » m’avait-elle dit à travers la vitre sécurisée. Comme si elle ne savait pas que pour obtenir un rendez-vous à la Préfecture de Bobigny, vous devez faire la queue depuis 5 heures du matin, qu’il y a un nombre de dossiers limités à traiter par jour. Que les gens se marchent dessus pour avoir un ticket. Et tout simplement vous avez fait tout ce qu’il fallait pour avoir les bons documents. Il suffisait de vous donner le bon formulaire quand vous le demandiez. Depuis les choses ont peut être changé…

Mon conseil : allez voir ce film, ça pourrait vous remettre les idées en place si jamais vous avez l’impression que vos conditions de vie ne sont pas assez bonnes. Vous allez vite comprendre que votre quotidien est peut être plus rose que vous le croyez.

dimanche 1 août 2010

INCEPTION


Cinéma en plein air au Parc de la Villette. Le thème de cette 20ème édition : Avoir 20 ans.

Quel cinéaste de quelque latitude que ce soit ne s'est pas attaché à ce qui est supposé être le plus bel âge de la vie, l'âge de tous les possibles mais aussi de choix sans retour...
À l'image du monde qui la fabrique, la jeunesse est dorée, insouciante, révoltée, combattante, désemparée, violente, suicidaire.
Tous ces films nous permettront de vérifier, peut être, que si 20 ans n'est pas le plus bel âge de la vie, il n'y en a guère d'autre que l'on ne regrette autant !

Ce soir sur la pelouse, entouré d’amis, ce sera Orange Mécanique de Stanley Kubrick.  Demain, à la même heure Mauvais sang - Leos Carax. En passant par Juno de Jason Reitman, Grease de Randal Kleiser ou Les Valseuses de Bertrand Blier la programmation se veut riche et enrichissante pour toute génération de cinéphiles. Vous avez jusqu’au 22 août pour découvrir le plaisir de respirer l’air frais et de partager un bon film.

Ce matin réveil difficile. Malgré le fait qu’on est en été et qu’il s’agit de se lever le samedi, nous avons fait l’ouverture du Gaumont Opéra afin de pouvoir profiter d’une séance presque privée d’Inception. Cela fait la troisième fois qu’on essaye d’aller voir ce film, mais faute de places nous n’y sommes jamais arrivés.
Et quant il s’agit d’un film dans la veine de Matrix avec Leonardo di Caprio  mis en scène et filmé par Christopher Nolan, il est difficile de trouver une place à Paris en semaine après le travail.
Pourquoi si difficile ? Car il s’agit d’une histoire qui passionne depuis très longtemps l’humanité. Mettre en images  la science des rêves…

Inception : s’immiscer dans les rêves  afin de planter une idée dans la tête d’une personne. Dom Cobb est expert en espionnage industriel.  Fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qu’il était, il accepte cette dernière mission dans l’espoir de revoir sa famille.

Sans aucun doute Christopher Nolan est devenu « le » réalisateur banquable. Il nous avait séduit avec Batman Begins et The Dark Knight, le chevalier noir, mais il est de nouveau en  tête du box office américain avec son nouveau blockbuster Inception . Warner lui avait confié 160M$ de budget. Aux Etats-Unis :143M$ à date pour  3792 nombre de copies.
En France : 1 305 534 entrées réalisé dans 626 salles, avec une moyenne de 2 086 spectateurs par copie, ce film s'intercale en 5ème position des meilleures Premières Semaines 2010. Un film largement remboursé.
D’une manière générale j’ai adoré ce film. En premier lieu parce qu’il traite d’un thème que j’adore : les rêves. Le scénario tient debout même s’il aurait pu aller plus loin. C’est très pédagogique alors on comprend bien les différents niveaux et l’idée de rêves emboîtés. Il y a un savant mélange entre la technique cinématographique, un scénario intéressant et de bons acteurs.
Nolan retrouve plusieurs de ses anciens collaborateurs dont le directeur photo Wally Pfister, le chef-monteur Lee Smith, le superviseur effets spéciaux Chris Corbould, effets visuels Paul Franklin....
Il est vrai aussi que Nolan s’est servi d’un des acteurs les plus intelligents du cinéma actuel, Di Caprio pour la tête d’affiche. Il avait commencé à nous charmer dans Titanic mais il a réussi à se débarrasser de l’image de Jack pour travailler avec les plus grands réalisateurs du moment. Même si son rôle est similaire avec celui de Shutter Island, Di Caprio arrive à nous le faire oublier et ré-invente un personnage. Les acteurs en herbe ont de quoi s’inspirer de son jeu. Avis aux écoles de théâtre françaises…
Marion Cotillard essaye de faire la bonne actrice mais elle n’a pas les bonnes cartes en main. Le rôle de  Mall ne lui donne pas la liberté de nous montrer son vrai talent. Personnellement je n’ai pas du tout été touchée par sa prestation. Nous pouvons même trouver agaçantes ses interventions mais je pense aussi que c’était le souhait du réalisateur  : qu’on la trouve chiante.  
Par contre j’ai découvert Ellen Page sous un autre jour, dans un rôle d’architecte de rêves très pétillante. Encore très jeune, elle amène une certaine fraîcheur au film. De quoi nous donner envie de la voir plus souvent dans les salles obscures.

Côté décors, vous dire que l’équipe technique après être passé aux Etats-Unis, au Maroc, au Japon, au Canada et en Angleterre, a fait escale dans le 15ème à Paris.
La rue César Franck, la rue Bouchut , le toit du cinéma Gaumont Opéra, le pont Bir-Hakeim et le Musée Galliera ont été ded lieux de tournage de ce film.
Il y a une scène qui va certainement vous plaire. Celle où Ellen Page incline le décor parisien jusqu'à ce que les rues de la capitale effectuent un mouvement à 180°. Ce procédé de télédétection emprunté à l'armée porte un nom : le Lidar (Light detection and ranging). Il consiste à scanner un lieu existant avec un laser qui mémorise les reliefs du décor par tranches successives. On photographie les lieux avec un appareil permettant de réaliser des images à très haute définition (15 à 20 millions de pixels) et on les colle à la structure conçue grâce au Lidar. Ainsi tout un quartier peut être modélisé en 3D. (Procédé déjà utilisé dans GI Joe et Iron Man)

Comme je suis une des personnes qui est allée tardivement au cinéma voir cette pépite, j’ai eu le temps de tendre l’oreille pour écouter les critiques. Voici quelques unes de mes amis :
« Comme il traite le sujet du rêve, ils auraient pu aller plus loin, se débarrasser du langage trop ancré dans la réalité. » 
« Je me suis endormie mais je n’ai rien raté car il y a des longueurs entre les différents niveaux… »
« Je suis fan de Matrix mais Inception ne fait pas partie de mes films préférés. Heureusement qu’il y a les effets spéciaux. »
« Ca manque de modernité par rapport à Matrix » Avec celle-là je suis un peu d’accord. Il est vrai que Matrix reposait sur une technique visuelle très moderne pour l’époque. Avec Inception on reste dans du « déjà vu ». 
« J’étais frustré que seul le personnage de Di Caprio soit développé » 
Moi aussi je suis du même avis mais je pense que c’était un choix cinématographique. A vrai dire je me doutais dès le début de la fin du film.. Ce n’était vraiment pas une surprise pour moi. Par peur de pas comprendre le film ou être perdus, on nous donne trop d’indices. C’est même chiant à la fin. Dommage.

Mais peu importe la qualité d’un film, on pourrait toujours le critiquer. Ce qui est évident : Inception est un vrai succès. Christopher Nolan vient de s’inscrire dans la horde des grands réalisateurs. Et pour nous, ce sont plus de 2H de bonheur et de merveilles devant une idée très simple qui nous captive tant. 
Allez absolument le voir.